La fraude du président : est-ce un stratagème de fraude révolu?
Malheureusement non, ce stratagème frauduleux, mis en place il y a près de 20 ans, est encore bien présent au Québec et un peu partout dans le monde. Au fil des ans, les fraudeurs ont soigneusement raffiné leur stratagème, leur permettant ainsi d’utiliser cette fraude pour continuer à soutirer des sommes importantes auprès d’entreprises.
Qu’est-ce que la fraude du président?
Dans sa forme la plus simple, celle-ci implique un fraudeur qui initie une demande de transfert de fonds en usurpant l’identité du président d’une entreprise. Les caractéristiques suivantes sont souvent toutes ou en partie présentes :
- Le fraudeur utilise une adresse électronique similaire à celle du président afin de formuler sa demande.
- Le montant du transfert demandé représente habituellement une somme importante, allant de quelques dizaines de milliers de dollars jusqu’à plusieurs millions de dollars.
- La demande spécifie le numéro de compte dans lequel les fonds doivent être transférés. Il s’agit d’un nouveau fournisseur ou d’un numéro de compte qui n’est pas utilisé à l’interne.
- La demande est identifiée comme étant urgente et le transfert de fonds doit se faire de façon imminente.
- La demande spécifie le caractère confidentiel de la transaction et insiste sur le fait que personne ne doit être informé de cette demande spontanée.
- Les fonds envoyés par l’entreprise sont par la suite transférés à l’étranger par les fraudeurs, devenant ainsi intraçables.
- La demande est acheminée à une personne autorisée à faire des transferts bancaires.
Comment la fraude du président peut-elle encore réussir après plus de 20 ans?
Les fraudeurs ont appris avec les années que pour augmenter le taux de succès de cette fraude, celle-ci doit être la plus réaliste possible. Ainsi, grâce aux réseaux sociaux, aux informations disponibles sur le site web de l’entreprise ou toutes autres informations publiques, les fraudeurs travaillent d’arrache-pied pour que l’histoire derrière leur stratagème soit la plus réaliste et donc la plus crédible possible. En voici quelques exemples :
- Certains fraudeurs utilisent maintenant un système permettant d’imiter la voix du président. De cette façon, la demande de transfert de fonds se fait par téléphone. L’employé qui reçoit l’appel croit à tort qu’il s’agit de son patron au téléphone et effectue le transfert de fonds sans se douter qu’il s’agit en réalité d’un fraudeur.
- Le fraudeur s’identifie comme étant le président de l’entreprise et procède à une demande d’achat de cartes-cadeaux pour récompenser certains employés. Les informations des cartes-cadeaux sont alors transmises au fraudeur qui peut ainsi les utiliser.
- Le fraudeur s’identifie comme étant un technicien informatique qui effectue des tests en lien avec la migration d’un système informatique de l’entreprise. Il demande alors à l’employé d’envoyer un virement dans un compte bancaire identifié par le fraudeur afin d’effectuer un test dans le cadre de la migration de systèmes informatiques.
- Une demande de transfert de fonds en lien avec une transaction à l’international est effectuée, alors que le président est en voyage d’affaires à l’étranger.
Comment vous prémunir contre cette arnaque?
Méfiez-vous! Toutes les personnes qui ont accès au compte de banque dans une entreprise devraient être capables de parler de cette fraude. Malheureusement, il y a encore des gens qui ignorent ce stratagème. En situation de stress, ces personnes bien intentionnées ne verront pas les lumières rouges s’allumer.
La transaction vous semble inhabituelle? Prenez le temps d’analyser et confirmer la transaction verbalement selon les procédures habituelles de l’entreprise. Lorsque les fonds sont transférés à l’étranger, il est trop tard pour les récupérer.
Amélie Couture, CPA Auditrice, EEE/CBV
Directrice principale
Myriam Levesque, MBA, CPA, CFF
Associée
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